
A PARTIR DU 3 SEPTEMBRE
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Au même titre que John Ford ou Howard Hawks, Frank Borzage est l’un des réalisateurs les plus talentueux et l’un des fondateurs de l’âge d’or d’Hollywood. Il est le cinéaste du romantisme et des amours éperdues. Il filme avec constance, justesse et poésie des personnages de parias et de rêveurs, fait éclore le frémissement de leur désir et la naissance de leur amour, les observe se débattre face aux vicissitudes d’une vie parsemée d’obstacles : guerre, Grande Dépression, contrainte sociale, religieuse, injustice. Admiré de ses pairs Serguei Eisenstein, Joseph von Sternberg, Marcel Carné, Samuel Fuller et Raoul Walsh, Frank Borzage a donné naissance par la grâce de ses images et de sa mise en scène à des œuvres majeures du cinéma pour lesquelles Martin Scorsese a toujours reconnu « l’extraordinaire délicatesse de son style ».
Sa carrière débute vers 1912, il est alors acteur dans des westerns chez Thomas H. Ince et William S. Hart ou dans les drames de Reginald Baker aux côtés des acteurs japonais Sessue Hayakawa et Tsuru Aoki. Il réalise rapidement ses propres films, notamment quelques estimables westerns comme Until They Get Me (1917) et de nombreux mélodrames. C’est dans ce genre en particulier qu’il connaît un premier succès public en 1920 avec Humoresque, film sur l’amour maternel, adaptation d’un roman de Fanny Hurst qui marque les débuts d’une collaboration fructueuse avec Frances Marion en tant que scénariste. D’autres adaptations de l’œuvre de la romancière militante pour les droits des femmes et l’égalité des droits civiques aux États-Unis suivront : Back Pay (1922), The Nth Commandment (1923) avec l’actrice Colleen Moore. Norma Talmadge contribue également à cette association avec deux films qu’elle produit et dans lesquels elle interprète le rôle principal en 1924 : The Lady et Secrets, où elle incarne de manière spectaculaire un personnage de sa jeunesse à son vieil âge.
C’est à son arrivée à la Fox que Borzage s'impose comme l'un des cinéastes majeurs de son époque. En 1925, Frances Marion adapte le magnifique Lazybones d’après la pièce d’Owen Davis et la comédie The First Year d’après celle de Frank Craven, mais la consécration arrive avec Seventh Heaven (1927) pour lequel Borzage reçoit l’Oscar du Meilleur réalisateur. Le film voit surgir un des couples mythiques du cinéma muet de la fin des années 1920 : Janet Gaynor et Charles Farrell, qui tournent ensuite Street Angel (1928) et Lucky Star (1929), et qui partagent l’affiche dans une douzaine d’autres films muets.
Pour incarner les amoureux de son film le plus troublant, le plus érotique, The River (1928), Borzage associe le candide Charles Farrell à l’incandescente Mary Duncan, actrice dans Four Devils de Murnau, cinéaste manifestement influent pour Borzage et qui refait tourner les deux acteurs ensemble dans City Girl (1930). Avec le désir pour thème central, The River offusque les puritains et exalte les surréalistes. À sa sortie en France, La Revue du cinéma note : « Avec les films de Keaton et de Langdon, avec The Flesh and The Devil et The Wind, The River est un des rares films où le visage de l’amour nous émeut dans sa vérité ». Longtemps considéré comme perdu puis retrouvé dans une copie incomplète, il a bénéficié d’un travail de reconstitution pour parvenir à le rendre de nouveau visible.
Jusqu’à la fin de sa longue carrière au début des années 1960, dans une multitude d’autres films comme Liliom (1930), Bad Girl (1931), A Farewell to Arms (1932), Man's Castle (1933) ou The Mortal Storm (1940), Borzage peint et sublime le couple, la passion et l’amour. Un amour qui révèle les êtres, les soude face à l’adversité, s’appuie sur la compréhension et le respect mutuel, l’intensité et la durabilité des sentiments.
Les séances sont accompagnées par les pianistes issus de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel (CNSMDP).
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