Industriel français, Charles Pathé (Chevry-Cossigny 1863-Nice 1957) a contribué au début du XXe siècle au développement des loisirs en créant une affaire consacrée au cinématographe et au phonographe.
Issus d’une famille de commerçants, ses parents charcutiers s’installent peu après sa naissance à Vincennes, où, grâce à leur commerce, ils constituent dans cette ville un patrimoine foncier qui servira plus tard à installer les usines cinématographiques. Après une enfance difficile, dont Charles Pathé témoignera dans sa biographie Souvenirs et Conseils d’un parvenu (1926), il exerce plusieurs métiers, passe plusieurs années en Argentine, puis trouve sa voie à 31 ans, en ouvrant un commerce de phonographes fin 1894, avenue de Vincennes à Paris, sous la raison sociale Charles Pathé et Cie. Avec Henri Joly, il s’intéresse également à la projection de l’image animée avant de fonder la société Pathé frères avec son frère Emile, le 28 septembre 1896. Charles et Emile sont les deux directeurs de la jeune société, le premier prenant particulièrement en charge la branche cinématographique. Ils conservent ce titre quand, en décembre 1897, Pathé frères est absorbé par une société anonyme en formation, qui lui apporte les capitaux nécessaires. Ils sont à partir de cette date épaulée par un conseil d’administration, qu’ils n’intègrent qu’en 1911.Au cours de ses premières années, Pathé devient une industrie prospère et une marque célèbre dont l’influence s’étend au monde entier.
La demande des marchés étrangers, des Etats-Unis en particulier, fait le succès de l’entreprise. Entre 1904 et 1908, le capital est multiplié par deux, le chiffre d’affaires par six et les bénéfices par huit. Ouvertes à partir de 1904, les succursales deviennent des sociétés dotées de studios et de laboratoires au cours des années 1910.
Issue de la seconde révolution industrielle, Pathé transforme une attraction, le cinéma, en loisir : tournages de films de fiction, développement du nombre de genres de films, tirage de copie, fabrication de la pellicule et d’appareils, remplacement de la vente des films par la location.
Charles Pathé s’entoure d’un cercle de collaborateurs de la première heure, ainsi que d’ingénieurs issus des grandes écoles, d’un groupe conséquent d’opérateurs de prises de vues. Les usines de Vincennes et de Joinville-le-Pont compteront plus de 3000 ouvriers, dont une majorité de femmes, actives notamment au montage et au coloris. Si les crises économiques se font sentir dans sa société en 1908 et 1913, Charles Pathé les surmonte en initiant des réorientations majeures, la première fois en mettant en place la fabrication de la pellicule (1909) puis concentrant les affaires sur le marché américain pendant la Première Guerre mondiale. L’inflation qui suit la fin de la guerre, et la perte de suprématie française sur le marché mondial entraîne Pathé à chercher des capitaux pour assurer la production et la distribution de films, à travers la société Pathé Consortium Cinéma. La société mère se sépare également de la branche phonographique.
C’est à cette période que Charles Pathé est reconnu comme fondateur de l’entreprise Pathé. Son contrat est également renouvelé pour 10 ans. Désormais doté « des pleins pouvoirs », aidé par un conseil dont il aura nommé la majorité des membres, il entraîne Pathé-Cinéma vers la fabrication et la vente de pellicule pour le cinéma, la photographie et la radiographie. Il développe le Pathé-Baby (format 9,5 mm, pour les amateurs, 1921) et le Pathé-Rural (format 17.54 mm, pour les exploitations itinérantes), même si ce dernier sera pleinement lancé sur le marché par son successeur Bernard Natan. C’est à ce dernier que Charles Pathé cède la société Pathé-Cinéma en mars 1929, au terme de son contrat.
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