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Cycle

Joë Hamman, des plaines du Montana aux plateaux de cinéma

Du  19/11/25  au  16/12/25 


Joë Hamman, des plaines du Montana aux plateaux de cinéma


Si le nom de Joë Hamman est familier aux amateurs de Far-West et de bandes dessinées, c'est que cet acteur des premiers westerns français a aussi été un talentueux peintre et illustrateur. Né en 1883 dans une famille bourgeoise, il étudie en France et à Londres, fait les Beaux-Arts et côtoie les amis de ses parents, Alexandre Dumas fils, Guy de Maupassant, Georges Feydeau. À 21 ans, alors qu’il accompagne son père, marchand de tableaux, aux États-Unis, il découvre les Wild West Show, rencontre Buffalo Bill avec qui il noue une amitié solide, et rentre en France déterminé à entretenir sa passion pour l’Ouest américain. Dans l’industrie du cinéma balbutiante, il devient un pionnier du western, genre qu’il qualifie « d’école de l’énergie et mine d’aventures ».


Pour la firme Lux, il réalise ou interprète plusieurs films tournés en région parisienne, dans les carrières d'Arcueil, les plaines de Nanterre aux allures désertiques ou le bois de Meudon. Cow-boy (1907) et Le Desperado (1908) lancent la féconde production. La rencontre avec l’écrivain camarguais Folco de Baroncelli (frère de Jacques) est décisive. Il met à disposition sa manade (troupeau de taureaux, chevaux et ses gardians) et initie la collaboration entre l’acteur et le réalisateur Jean Durand. Pour Gaumont, ils tournent ensemble de nombreux films pour la série "Scènes de la vie de l'Ouest américain" et, inspiré par les Aventures de Buffalo Bill, Joë Hamman devient Arizona Bill pour la firme Éclipse. Avec bravoure et obstination, il enchaîne cascades, chevauchées, chutes et plongeons, sauts d’un cheval ou d’une passerelle à signaux sur des trains en marche (Le Railway de la mort, 1912), combats avec des ours, des lions ou des « bisons » (bien souvent des taureaux) et manie inévitablement le lasso (il créera le Club hippique du lasso en 1949). Aux côtés des fidèles Gaston Modot et Berthe Dagmar (qui épouse Jean Durand en 1917), il interprète des rôles de cow-boy (Cent dollars, mort ou vif, 1911) aussi bien que d’Indien (Cœur ardent, 1912) dans des drames d’aventures, des romances (Revolver matrimonial, 1911) ou des comédies (il joue le rôle d’un professeur de lasso dans Calino veut être cow-boy).


Joë Hamman tombe littéralement amoureux de la Camargue, région à laquelle il reste attaché et dédie deux films : Le Gardian (1921) puis Au pays des étangs clairs (1952), qu’il réalise et produit avec sa société de production Les Films Joë Hamman, fondée en 1921.


Après la Première Guerre mondiale et le déclin du western français, il met sa vitalité et son visage ciselé au profit de personnages vils et menaçants dans des récits historiques et des adaptations littéraires déclinées en feuilleton par la Société des Cinéromans. Sollicitant toujours autant ses sensationnelles aptitudes physiques, il interprète Hubert de Lauriac, hostile concurrent du malicieux Rouletabille dans le film d’Henri Fescourt adapté du feuilleton de Gaston Leroux (Rouletabille chez les Bohémiens, 1922). Il est aussi un esprit du Mal qui terrorise la population dans Tao de Gaston Ravel (1923), un gentilhomme meurtri et vindicatif envers la reine dans L’Enfant-roi de Jean Kemm (1923) ou un même homme éconduit, pétri de haine et de vengeance, dans un climat de lutte armée au Maroc, dans Les Fils du soleil de René Le Somptier (1924). Sous la direction de Marie-Louise Iribe, il endosse le costume du néfaste Roi des Aulnes (1931). En 1933, il interprète le rôle de l’ombrageux Ourias dans l’adaptation de l’œuvre de Frédéric Mistral Mireille par René Gaveau et Ernest Servaès, une histoire d’amour contrariée par les interdits sociaux.


Il écrit Sur les pistes du Far-West avec Joë Hamman (1961), fresque de la petite et de la grande Histoire de ce territoire qui raconte la nature, les êtres, les lois et les événements qu’il a tenté de réinventer dans ses films, et publie ses mémoires Du Far-West à Montmartre, préfacés par Jean Cocteau, en 1962. Il demeure un infatigable curieux et un grand voyageur, lance le lasso et illustre de nombreux ouvrages jusqu’à la fin de sa vie en 1974.


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