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FONDATION JÉRÔME SEYDOUX-PATHÉ

Cycle

Bestiaire du cinéma muet

Du  26/04/23  au  23/05/23 


Si les animaux sont l'un des premiers sujets d'observation du pré-cinéma, avec l'étude de leur mouvement par Étienne-Jules Marey et Eadweard Muybridge, des figures de jouets optiques tels que le zootrope ou le zoopraxiscope, ils deviennent dès les débuts du cinéma les personnages centraux de films de fiction comiques, dramatiques ou d'aventures, souvent adaptés des classiques de la littérature. Le XIXe siècle, marqué par les théories darwiniennes, a vu émerger une vision nouvelle de l'animal. Il apparaît à la fois comme un être sensible, familier, et celui dont il faut se différencier pour affirmer sa supériorité. Les films questionnent en permanence ce rapport de l'homme à l'animal ; qu'il soit compagnon dévoué, esclave, menace ou modèle, domestiqué ou sauvage, il reflète le véritable visage de la nature humaine.


Tarzan of the Apes de Scott Sidney (1918) est la première adaptation cinématographique du célèbre roman d'Edgar Rice Burroughs (1912) dont va découler une longue série. Très fidèle à l'œuvre originale, le film raconte les aventures de Tarzan, l'homme-singe à l'instinct animal (interprété par Elmo Lincoln) dans la faune africaine (bien que le film soit tourné en Louisiane), avec Enid Markey dans le rôle de Jane.

Bien avant l'œuvre de Spielberg, il y eut en 1925 The Lost World de Harry O. Hoyt, avec Bessie Love et Wallace Beery, adaptation du roman éponyme d'Arthur Conan Doyle paru en 1912. Une expédition menée à la recherche d'un explorateur disparu en pleine jungle amazonienne révèle la présence de dinosaures ayant échappé à l'extinction. Les effets spéciaux réalisés par Willis O'Brien, pionnier de l'animation en « stop motion » (animation image par image et en volume sur des figurines en pâte à modeler) sont à la fois risibles et émouvants. L'éblouissement demeure intact devant ce film qui fut l'un des premiers grands films d'aventure. O'Brien créera les effets spéciaux de King Kong en 1933, réalisé par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, digne descendant de ce Monde perdu. Six ans auparavant, Cooper et Schoedsack ont tourné en Asie une fiction documentée mêlant scènes de vie quotidienne et chasse, Chang, dont le sous-titre « un drame de la nature sauvage » illustre bien le propos : une famille installée à la lisière de la jungle lutte pour survivre aux forces de la nature. Ici pas d'effets spéciaux, tous les animaux féroces ou domestiqués, du tigre au singe en passant par la mangouste ou l'ourson, ont été filmés avec grâce et témérité par les opérateurs (la scène de la charge des éléphants, qui a employé des centaines de pachydermes empruntés au roi de Siam, est spectaculaire).


Libre adaptation du roman d'Herman Melville Moby Dick (1851), The Sea Beast réalisé en 1926 par Millard Webb est un classique du film d'aventure américain en milieu marin, avec John Barrymore dans le rôle du capitaine Achab et Dolores Costello, qui deviendra son épouse. L'intrigue se concentre davantage sur le capitaine que sur le cachalot et s'attache à développer les sentiments amoureux et de rivalité ainsi que les péripéties en mer. Le film est présenté ici dans une version Pathé Rural condensée et remontée d'une heure. Il connut un immense succès outre-Atlantique, mais en France, sorti sous le titre Jim le harponneur, il est surtout fameux pour avoir déclenché un bras de fer entre le patron de presse Jean Sapène, distributeur du film, et Léon Moussinac dont la critique féroce lui valut un procès et une condamnation. En réponse, l'Association Amicale de Critique Cinématographique fut créée, Moussinac gagna en appel en 1930, établissant du même coup le droit à la critique libre.


La programmation comprend également deux films mettant en scène la star canine Rin-Tin-Tin : Where the North Begins de Chester M. Franklin (1923) et Clash of the Wolves de Noel Mason Smith (1925), un drame de John Ford se déroulant dans les milieux hippiques et qui aborde le point de vue de l'animal puisque la jument Virginia's Future est la narratrice de ce Kentucky Pride (1925), un film d'épouvante soviétique, Les Noces de l'ours, de Konstantin Eggert et Vladimir Gardine (1926) dans lequel un homme se retrouve possédé par l'animal, une adaptation du roman de Jack London The Call of the Wild réalisé par Fred Jackman en 1923. Le western burlesque de et avec Buster Keaton Go West (1925) relate la rencontre improbable et attachante entre un être inadapté et solitaire et une jolie vache, tout aussi esseulée et destinée à l'abattoir. Charlie Chaplin, clown amoureux d'une écuyère dans The Circus (1928), défie les lions et repousse les singes dans un fabuleux numéro d'équilibriste, alors que dans A Dog's Life (1918), il adopte un compagnon affectueux avec qui il peut enfin rivaliser en matière de vol de saucisses.


Des programmes de films courts (comiques ou animation) d'Alfred Machin, Marcus O'Galop, Robert Lortac, Ladislas Starewitch, Segundo de Chomón, Émile Cohl, Winsor McCay ou Pat Sullivan, le créateur de Félix le Chat, viennent largement et gaiement compléter ce bestiaire. Une place toute particulière est accordée au pionnier du documentaire scientifique animalier Jean Painlevé et un programme inédit de films expérimentaux nous projettera dans le cinéma contemporain puisque l'animal continue de fasciner le cinéma, qui ne cesse de remettre en question sa représentation à l'écran.


Toutes les séances sont accompagnées par les pianistes issus de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel (CNSMDP).


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