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FONDATION JÉRÔME SEYDOUX-PATHÉ

Cycle

Greta Garbo, la divine

Du  01/02/23  au  21/02/23 



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Greta Garbo fut une actrice admirable, dotée d'un fascinant pouvoir de séduction. Tous les réalisateurs qui ont travaillé avec elle s'accordent sur sa présence magnétique, souvent sublimée par le directeur de la photographie William Daniels, et sa capacité à exprimer si mystérieusement sa pensée à l'écran. Ses films muets démontrent tout autant l'évolution de son jeu mélancolique et sensuel que la liberté qu'elle impose à ses rôles.


Greta Garbo est née Greta Lovisa Gustafsson en 1905 à Stockholm. Très tôt fascinée par le théâtre, elle devient modèle pour le grand magasin PUB et débute au cinéma en 1921. Elle entre dans la foulée au Conservatoire royal d'Art dramatique et tourne dans la comédie Luffar-Petter de Erik A. Petschler. Le directeur du Conservatoire la recommande à Mauritz Stiller pour ce qui sera son chef d'œuvre et dernier film suédois, Gösta Berlings saga, adaptation du roman de Selma Lagerlöf dans laquelle elle joue le rôle de la comtesse Dohna aux côtés de Lars Hanson. Stiller est fasciné par le visage de l'actrice, mais aussi par sa capacité d'écoute et d'adaptation, « elle est comme de la cire dans mes mains » déclara-t-il. Il lui attribue un nom de scène, Garbo, et devient son mentor. Ils quittent la Suède pour l'Allemagne où Garbo tourne en 1925 avec G. W. Pabst un drame naturaliste, reflet de la crise économique, Die Freudlose Gasse. Elle partage l'écran avec l'actrice danoise Asta Nielsen, dont le jeu expressionniste et la rudesse du personnage s'oppose à sa fragilité et sa délicatesse. Grâce aux succès de ces films, Louis B. Mayer la repère et l'engage, avec Stiller et Hanson, à la MGM. Le premier film de Garbo aux Etats-Unis n'est pas un film de Stiller mais de Monta Bell. The Torrent est un mélodrame qui met en valeur sa beauté et son mystérieux pouvoir de séduction et convainc les producteurs de son potentiel commercial. Sa notoriété est confirmée avec The Temptress dont le tournage est débuté par Stiller, vite remplacé par Fred Niblo car incapable de s'accorder avec l'équipe et avec l'acteur Antonio Moreno. Stiller ne perdurera pas à Hollywood, après quelques tentatives de réalisations infructueuses, il rentre déprimé en Suède – au grand dépit de Garbo – et meurt peu de temps après.


Il faudra attendre The Flesh and the Devil pour que son charisme crève l'écran. « Garbo possédait quelque chose dans son regard dont on ne se rendait pas compte à moins de la photographier en gros plan. On pouvait en réalité la voir penser. Elle était capable sans changer d'expression de manifester un sentiment de jalousie envers une personne et d'amour envers une autre » confiait Clarence Brown. La rencontre avec le réalisateur est capitale, ils tourneront sept films ensemble. Celle avec John Gilbert, alors au sommet de sa gloire, est de l'ordre de la passion amoureuse. D'après Kevin Brownlow, « l'amour qui l'unissait à Gilbert était si manifeste que l'équipe se retirait parfois discrètement pour les laisser seuls, ce qui a valu à La Chair et le Diable d'être qualifié du film le plus érotique de l'ère du muet ». Ils tourneront l'année suivante l'adaptation du roman de Léon Tolstoï Anna Karenina, dirigé par Edmund Goulding, dont le titre américain – Love – spécule sur la notoriété de leur relation suivie avec avidité par le public. Le film est ainsi annoncé : « Greta Garbo and John Gilbert in Love » et une fin optimiste est proposée en alternative à celle dramatique du roman. Garbo reprendra le rôle d'Anna Karénine en 1935, cette fois-ci sous la direction de Clarence Brown.


En 1927, elle incarne The Divine Woman pour Victor Sjöström, film aujourd'hui considéré comme perdu dont seuls subsistent quelques fragments. Elle est ensuite une espionne dans The Mysterious Lady de Fred Niblo, variante de Mata Hari qu'elle incarnera en 1931 sous la direction de George Fitzmaurice. En 1929, elle tourne à nouveau avec John Gilbert dans le sulfureux A Woman of Affairs. Le film, subtilement mis en scène par Clarence Brown, livre d'elle une image plus moderne et réaliste. Ce personnage de femme indépendante l'ancre dans son époque, contrairement aux films précédents dédiés aux récits historiques. Le film suivant, The Single Standard, renforce cette figure de femme libre et insoumise, inéluctablement attachée à son fils (sentiment déjà présent dans Love). Le dernier film muet sera tourné avec Jacques Feyder, désireux depuis longtemps de travailler avec elle. L'adaptation réussie de Thérèse Raquin a convaincu les producteurs de lui confier la réalisation de The Kiss, son premier film américain dans lequel Garbo interprète toujours une femme libérée, cette fois-ci accusée du meurtre de son mari. Feyder y déploie toute sa créativité et aboutit dans ce dernier film muet à une parfaite maîtrise formelle.


Garbo se réjouit de l'arrivée du parlant et espère, avec l'apport de la parole, « vivre ses rôles avec un surcroit de naturel et d'expression ». Le pari est gagné. Anna Christie est l'adaptation de la pièce d'Eugène O'Neill réalisé par Clarence Brown (une version allemande est tournée par Feyder). Son accent et sa voix froide procurent toute la profondeur et le réalisme nécessaires au rôle de l'émigrée désenchantée. Le film est un triomphe et assure à Garbo la continuité de sa carrière.


Toutes les séances sont accompagnées par les pianistes issus de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel (CNSMDP). 


Frédéric Mercier en parle dans Transfuge


En partenariat avec L'Institut suédois qui propose également deux projections de films sonores dans leur salle (11 rue Payenne, Paris 3e):

La Reine Christine le 2 février à 19h30

Le Roman de Marguerite Gautier le 9 février à 19h30



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