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FONDATION JÉRÔME SEYDOUX-PATHÉ

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Cycle

Pour une contre-histoire du cinéma. Hommage à Francis Lacassin, historien nomade

Du  26/12/24  au  21/01/25 

Rouletabille chez les Bohémiens (Henri Fescourt, 1922), collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé


Francis Lacassin (1931-2008) était éditeur et historien du cinéma, de la littérature populaire et de la bande dessinée. Pour tous ceux qui affectionnent le cinéma des premiers temps, il est l’un des maîtres incontestés de la redécouverte, de l’étude, de l’analyse d’une période délaissée et mal étudiée à l’époque de ces premiers travaux dès les années soixante.


Passionné d’archives et de recherche, Francis Lacassin était de toutes les cinémathèques par son approche non-conformiste de l’histoire du cinéma. Très discret, masqué comme Fantômas, nombreux sont celles et ceux qui l’ont croisé à Bologne ou Pordenone sans le connaître. Parcourant inlassablement le chemin de l’étude, s’interrogeant sur les collections filmiques, visionnant à Paris, Bruxelles, Londres, Toulouse ou Prague, s’inquiétant de la disparition d’un film, de l’identification d’un autre, de la restauration d’un primitif retrouvé, Francis Lacassin nous a laissé l’image d’un féru de cinéma. Nous lui devons de nombreuses publications novatrices sur Alice Guy qu’il rencontre et interviewe, Henri Fescourt, Louis Feuillade, Alfred Machin, Musidora, Victorin Jasset, Jean Durand, Joë Hamman, Titaÿna, et bien d’autres encore. Son champ d’investigation n’avait pas de limites.


En 1972, Francis Lacassin publiait une Contre-histoire du cinéma pour réhabiliter des films, des cinéastes, des acteurs et actrices qui étaient alors pour partie oubliés des histoires du cinéma traditionnelles. Ce livre-manifeste, devenu mythique, est une anthologie de ses textes édités, en rupture avec ce qui pouvait se faire dans le domaine de l’histoire du cinéma en France. Après une nouvelle édition revue et corrigée, une suite à ce premier opus a vu le jour récemment, permettant de compléter la connaissance des précédents écrits.


L’idée d’une programmation pour lui rendre hommage s’est imposée naturellement. C’est une approche peu conventionnelle car elle nécessite une sélection des œuvres existantes citées dans les deux tomes de Francis Lacassin et une recherche dans les cinémathèques et archives des copies disponibles. Et ensuite de les programmer de façon à se rapprocher le plus de l’esprit de Lacassin. Le choix des films retenus pour cette programmation reprend donc les axes de la Contre-histoire du cinéma, qui est l'expression d'une liberté dans la forme même de son écriture, une sorte de « para cinéma » qui creuse l’histoire du cinéma à partir de recherches dans les revues, les témoignages, mais aussi les fonds constitués dans les cinémathèques et archives, pour en extraire ses chantiers éditoriaux, à la manière d’un « cabinet des curiosités cinématographiques ».

De Alfred Machin (Maudite soit la guerre, Bêtes comme des hommes) à Alice Guy, de Titaÿna (Promenade en Chine) à Henri Fescourt (Rouletabille chez les bohémiens, qui sera présenté dans sa version nouvellement restaurée par la Fondation Jérôme Seydoux - Pathé), de Victorin Jasset (Les Enfants du capitaine Grant) à Marie-Louise Iribe (Hara-Kiri), De Gennaro Dini (Romanetti) à Max Linder (Le Roi du cirque) c’est une cinéphilie hors des sentiers battus qui est ici proposée, à l’inverse d’une histoire du cinéma imprégnée par la politique, l’esthétique et les grands mouvements officiels.

Ce voyage au pays de la Contre-histoire du cinéma est ainsi un parcours dans les premiers studios du cinéma en France (à Paris, mais aussi à Nice, lieu de prédilection de Lacassin, mais aussi où Alfred Machin a produit et réalisé ses films), aux genres naissants et au cinéma populaire (série B, feuilletons, films d'aventures, le cinéma d’animation et les films à trucs…), met en lumière le rôle souvent méconnu des femmes dans l'histoire du cinéma, en tant que réalisatrices, actrices, scénaristes.


Lacassin célèbre aussi le cinéma comme un divertissement, une source de rêves et d'émotions et il a été le premier à se pencher sur les séries comiques des débuts, qu’il nomme Les fous rires de la Belle-époque : en deux séances, c’est une anthologie choisie que nous avons constituée, qui s’appuie sur des centaines de titres, en sélectionnant les courtes bandes avec Titi, Rosalie, Willy, Cissy, Bout-de-Zan, Zigoto, Serpentin, Bébé, Godasse, Léontine, César, Max, Rigadin et Dandy. Autant de visages méconnus qui vous attendent sur l’écran de la Fondation Jérôme Seydoux Pathé !


Eric Le Roy,

Chef du Service Accès, valorisation et enrichissement des collections

à la direction du patrimoine cinématographique du CNC



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