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FONDATION JÉRÔME SEYDOUX-PATHÉ

Cycle

Asta Nielsen

Du  05/04/22  au  03/05/22 



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À travers une vingtaine de films présentés en ciné-concert, la Fondation Jérôme Seydoux – Pathé rend hommage à la première grande vedette du cinéma muet européen Asta Nielsen.



L’actrice danoise, qui fait principalement carrière en Allemagne, interprète à peu près tous les rôles avec un naturel et un anticonformisme étourdissant : de femme fatale débordante d’érotisme dans son premier film, scandaleux, au succès international Afgrunden (1910) à la jeune fille provocante se déguisant en fillette dans la comédie Engelein (1913), de pauvresse (Die arme Jenny, 1912) à Reine de la Bourse (Die Börsenkönigin, 1916), en passant par l’ambiguïté des genres et le travestissement (Zapatas Bande, 1913, Das Liebes ABC, 1916, Hamlet, 1920). Ses personnages transgressent la société patriarcale et s’émancipent par le rêve. Bien plus qu’une star populaire, Asta Nielsen est une pionnière. Maîtrisant parfaitement son image, elle offre à travers son agilité physique, sa modernité et son autodérision, un corps entièrement désinhibé et une représentation sensationnelle et innovante de la féminité à l’écran.

Dans son article « L’érotisme d’Asta Nielsen » paru en 1923, le théoricien et critique Béla Balázs souligne que « l'extraordinaire niveau artistique de l'érotisme d'Asta Nielsen découle de sa qualité intellectuelle absolue. Ce sont les yeux, et non la chair, qui sont les plus importants. En fait, elle n'a pas de chair du tout... Asta Nielsen habillée peut montrer une nudité obscène, et elle peut sourire d'une telle manière que la police saisirait le film pour pornographie. Cet érotisme spiritualisé est dangereusement démoniaque car il traverse tous les vêtements. C'est pourquoi Asta Nielsen ne vous paraît jamais lascive. Et en plus, il y a toujours un trait enfantin en elle ».

L’humour et la sensualité ne sont pas les seuls attributs de son talent. Sa gestuelle remarquable traduit tout aussi bien la noirceur, la fatalité et la solitude dans ses rôles d’amoureuse passionnée. Elle est une jeune bourgeoise éprise d’un batelier de la Sprée dans Der fremde Vogel (1911) ou, méprisée par l’homme aimé, se transforme en vengeresse dans Die Verräterin (1911). Elle incarne à merveille tous les états de l’âme, à tous les âges. En 1922, dans le Loulou de Leopold Jessner (Erdgeist) elle apparait tragique et menaçante et opère un tournant dans son style. En 1925, lorsqu’elle partage l’affiche avec une Greta Garbo délicate et débutante dans le film de G. W. Pabst La Rue sans joie (Die freudlose Gasse), « Die Asta » en impose par sa rudesse et sa violence réprimée.

Son dernier film est son premier (et unique) film parlant. Dans Unmögliche Liebe (1932), le réalisateur Erich Waschneck met en scène l’arrivée, dissimulée, de sa voix grave et envoutante, avant que son personnage entier ne disparaisse définitivement dans l’obscurité d’une forêt.


En collaboration avec la Kinothek Asta Nielsen, le 8 avril, les spécialistes Karola Gramann et Heide Schlüpmann aborderont, dans une conférence intitulée « Voir la femme qui regarde. Asta Nielsen dans l’histoire », la manière dont l’actrice façonnait son image et sa présence filmique.


En partenariat avec le Goethe Institut – Paris.




En collaboration avec la Kinothek Asta Nielsen




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